16 mar 2021 - 20 h 60 minutes sans entracte.
J.-S. BACH Extraits :
Andante du motet « Jesu, Meine Freude »
Bourrée II, Suite anglaise no 2
Fugue no 11, Le Clavier bien tempéré, Livre I
Gigue
LAUREN BERNOFSKY Trio pour cuivres (13 minutes)
I. Allegro deciso
II. Berceuse
III. Vivo
ERWIN CHANDLER Duo pour trompette et tuba (1979)
I. Presto
IV. Andante
III. A la Jazz Waltz
CHRISTER DANIELSSON Suite concertante pour tuba et quatre cors (15 minutes)
I. Largo – Allegro vivo
II. Moderato misterioso
III. Andante con sentimento
IV. Alla Marcia
Louis-Pierre Bergeron, cor
Douglas Burden, trombone basse
Karen Donnelly, trompette
Julie Fauteux, cor
Chris Lee, tuba
Elizabeth Simpson, cor
Lawrence Vine, cor
Ce programme commence par une sélection de mouvements extraits de diverses œuvres de Jean-Sébastien Bach (1685–1750) et arrangés pour un trio de cors. Les compositeurs (dont Bach lui-même) arrangeaient souvent la musique d’autres compositeurs qu’ils admiraient et voulaient faire entendre. Au fil des siècles, les plus célèbres œuvres de Bach, dont les fugues et préludes du Clavier bien tempéré, ses suites pour clavier et ses œuvres vocales, ont souvent été reprises et adaptées pour une foule de combinaisons instrumentales. Les concerts de musique de chambre comme celui-ci sont une occasion, pour les interprètes et le public, de découvrir ces œuvres sous un jour nouveau, ici à travers les riches sonorités du cor.
« Comme compositrice, j’ai pour principe que la musique doit être agréable à jouer et à écouter », dit la compositrice américaine Lauren Bernofsky (n. 1967). Son Trio pour cuivres (trompette, cor et trombone) est fidèle à cette philosophie. Commandée en 2002 par le Del Mar Trio, ensemble professionnel de cuivres fondé au Del Mar College de Corpus Christi, au Texas, la pièce a été qualifiée d’« ajout majeur au répertoire des cuivres » par le magazine Fanfare.
« Je voulais composer une pièce qui poserait un défi intéressant aux interprètes, sans être trop ardue. Ses trois mouvements contrastés suivent la structure traditionnelle rapide-lent-rapide. Les différentes textures visent à ajouter de la variété. Les mouvements extérieurs alternent souvent entre des passages d’homophonie, où tous les instruments jouent les mêmes rythmes ensemble, et des textures contrapuntiques plus complexes. Une ligne de basse, une voix médiane et une mélodie traversent la majorité du deuxième mouvement, qui apporte un répit nécessaire au milieu des deux autres, plus complexes. » La diversité des atmosphères et des caractères contribue aussi à l’attrait du Trio. Dans le premier mouvement, un passage dominé par une fanfare majestueuse et une mélodie lyrique au cor encadre une partie chantante aux harmonies vivifiantes. Dans la Berceuse, la trompette joue un air apaisant, soutenue par le rythme berçant du cor et les longues notes du trombone. Le finale est un jeu de contrepoint dynamique entre les différents instruments, ponctué de répétitions et culminant par des syncopes qui ajoutent un côté jazzy.
Le corniste, compositeur et pédagogue américain Erwin Chandler (1944–2020) a eu une carrière bien remplie comme musicien classique, populaire et de jazz (genre dans lequel il se produisait aussi comme pianiste). Ses compositions ont été jouées des deux côtés de l’Atlantique. Son Duo pour trompette et tuba (1979) a été commandé par Chris Gekker (trompette) et Gary Maske (tuba) à l’époque où ils enseignaient au Tidewater Music Festival, au Maryland. Le concert de ce soir comprend trois des quatre mouvements de cette pièce conçue pour mettre en valeur le talent et la technique des interprètes. Le duo s’ouvre sur un fougueux presto dont les motifs accrocheurs alternent avec des lignes mélodiques harmonieuses. Le quatrième mouvement, un andante contemplatif, remplace ce soir le second mouvement. Le programme se conclut sur une valse jazz énergique.
La Suite concertante pour tuba et quatre cors (1977) fait partie des œuvres les plus admirées du Suédois Christer Danielsson (1942–1989). Danielsson était un compositeur autodidacte. Comme tromboniste, il se plaisait à varier les genres et les styles : de la musique orchestrale au big band en passant par des pièces expérimentales. Cette polyvalence se reflète dans ses propres compositions et arrangements pour cuivres, dont cette brillante pièce écrite pour une combinaison d’instruments agréablement surprenante.
Comprenant quatre mouvements à peu près d’égale longueur, la Suite concertante est divertissante et pleine d’esprit. Elle s’ouvre sur une imposante injonction des cors, à laquelle le tuba répond avant de dominer l’Allegro vivo avec un thème principal ludique et légèrement sarcastique. Plus tard, un cor introduit un air enjoué. Le Moderato misterioso évoque une musique nocturne. Le tuba arrive sur la pointe des pieds, et les cors lui emboîtent graduellement le pas. La tension monte progressivement sous les accords isolés des cors, alors que le tuba entonne une mélodie sinueuse qui finit par prendre des airs de cadence... avant de s’esquiver. Le mouvement suivant est une valse mélancolique. Le début du finale évoque une fanfare en marche (Danielsson s’est sans doute inspiré de sa propre expérience dans la fanfare de la marine suédoise à Karlskrona) qui débouche sur un thème exubérant. La partie centrale, aux textures variées, offre un contraste, après quoi la marche et le thème reviennent pour mettre fin avec éclat à la pièce — et à ce concert.
Traduit d’après Hannah Chan-Hartley, Ph.D.