≈ 55 minutes · Sans entracte
Dernière mise à jour: 31 octobre 2024
Bonsoir,
C’était pour moi une urgence de présenter Catherine Gaudet au Centre national des Arts. Une première visite, un chef-d’œuvre chorégraphique, ça m’apparaissait naturel, ça allait de soi.
Catherine est une maîtresse de l’écriture chorégraphique. Elle saisit l’essence de l’être humain et raconte son histoire à travers une fine écriture du corps et de l’esprit.
Les jolies choses a soulevé les publics dès sa première en 2022 et ne cesse de parcourir le monde depuis, les commentaires dithyrambiques s’en suivent. La pièce ne se limite pas à une simple performance : elle constitue une exploration inédite de notre identité. Les questions de la beauté, de la vulnérabilité et de la transformation résonnent à travers les gestes et les regards des interprètes, invitant chaque membre du public à réfléchir à sa propre perception de soi et des autres.
Les interprètes de Les jolies choses sont tantôt en synchronicité, tantôt en dissonance. Le microcosme se meut au rythme de l’effort allant jusqu’à l’épuisement. Chaque mouvement dévoile les luttes internes et les joies éphémères des personnages, créant un tableau vivant de l’expérience humaine.
Catherine nous rappelle habilement que les jolies choses ne sont pas seulement à contempler, mais à vivre pleinement.
Bonne soirée!
Les jolies choses fut créée en juin 2022 et n’a pas changé d’un iota depuis. Bien-sûr, nous connaissons aujourd’hui mieux la machine et ses effets, de sorte que les interprètes, de l’intérieur, en manipulent ses rouages avec peut-être plus d’amusement qu’au départ. Toutefois, la pièce demeure un dispositif (une sorte de monstre, même) toujours exigeant, voire effrayant, qu’il faut continuellement opérer avec beaucoup de concentration, de volonté et de goût du défi. Venir présenter cette pièce au CNA est, pour toute l’équipe, bien excitant, car ce sera la première excursion artistique de la compagnie dans la capitale canadienne. Tous les membres de l’équipe sont bien honorés de faire partie de la saison actuelle du CNA.
Année de création : 2022
Appel d’air
Cinq corps s’activent au rythme du métronome. Leurs mouvements mécaniques reprennent, la machine s’échauffe et exige d’eux une rigueur irréprochable. Arrivée à maturation de son langage artistique, la chorégraphe Catherine Gaudet part en quête d’un espace sous les corps où les désirs peuvent renaître malgré le poids de la contrainte.
Il y a, derrière l’apparence inoffensive de cette partition collective aux tracés systématiques, comme une odeur de vernis cheap qui finira par craquer. À l’écoute des pulsations contradictoires de son époque, Gaudet s’entoure de ses fidèles complices pour explorer les faux-semblants de l’appareil spectaculaire. Au bout d’un moment, la répétition devient l’agent trouble des interprètes devenus instrumentistes. Elle fait siffler la soupape laissant s’échapper l’excès de vapeur des corps salés. Il est vrai, la dépression est le revers du grandiose. Ici, le risque d’une faute de goût est bien réel, mais nécessaire au maintien de l’équilibre.
« Il était important pour moi d’inscrire ce geste chorégraphique dans une épuration et une économie du mouvement. J’ai donc développé une partition graphique complexe à partir de gestes très simples, quasi mécaniques. »- Catherine Gaudet
Anecdotes :
• Les éléments vocaux émis par les interprètes de la pièce ne devaient pas exister au départ. Ils sont finalement restés car les interprètes ne pouvaient pas s’en passer. Les danseurs sont littéralement obligés de se guider vocalement sur scène afin de pouvoir se repérer dans la partition.
• Les paroles de la fin musicale sont tirées d’un langage inventé.
La Compagnie Catherine Gaudet jauge une réalité insaisissable, s’intéresse à l’indiscernable et fait du corps le lieu de résonance des sensations contradictoires qui grondent sous la chair. Elle développe un univers fait de métamorphoses fluctuantes et innombrables où les êtres, voués à de perpétuelles mutations, rendent visible le vertige de la descente en soi. Traversés et traversant, ces êtres s’entrecroisent, s’absorbent, se détachent, troublent l’espace qu’ils modèlent et dont ils s’extraient. Sous le regard du spectateur, l’identité se stratifie, prolifère, se dissipe, réapparait. Étrange quoique familier, ce corps ambigu rappelle la trajectoire sinueuse de l’être-au-monde.
Sur scène, les interprètes relèvent le défi de l’incessante recomposition d’une partition chorégraphique finement écrite. Combinant le mouvement brut au contrôle extrême de la forme, ils livrent une danse performative où le corps se fait récepteur et transmetteur de forces inconscientes et invisibles. Plongés dans d’infinies variations de tensions musculaires qui révèlent l’enchevêtrement de pulsions, d’états et d’idées, ils œuvrent à déployer un réel transfiguré et élargi qui multiplie les manières d’appréhender le vivant.
Titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en danse contemporaine de l’UQAM, Catherine Gaudet s’affirme d’emblée comme une chorégraphe à la signature forte et singulière. S’immisçant sous le masque des conventions sociales, elle traque dans le corps les soubresauts de l’inconscient et les micromouvements qui trahissent les émotions et sensations que l’on cherche à cacher. Obsédée par la quête d’une vérité existentielle, elle s’enfonce dans les méandres de la psyché, et cherche la beauté dans la contradiction. Sa danse d’état surgit de forces qui s’opposent, contraignent et contrôlent des personnages aux allures d’écorchés. Sa physicalité à la fois brute et précise se mêle d’une théâtralité combinant subtilement tensions dramatiques, sens de l’absurde et humour noir.
Elle signe sa première chorégraphie en 2004 et se fait remarquer les deux années suivantes avec Grosse fatigue (2005), primée au Arhus International Choreography Competition (Danemark), et L’arnaque (2006). En 2009, elle s’intéresse aux effets du manque dans sa première oeuvre longue, L’invasion du vide. Après avoir profité de résidences de création à Bruxelles (2010) et à Berlin (2011), elle crée en 2012 Je suis un autre, où elle gratte un peu plus fort le vernis de la façade sociale pour révéler l’ambigüité d’êtres aux prises avec leurs contradictions. Elle poursuit cette intention en 2014 avec Au sein des plus raides vertus, s’appuyant cette fois-ci sur la notion de moralité.
En 2016, en plus d’effectuer une résidence au Centre chorégraphique national de Tours (France), elle cosigne avec Jérémie Niel La très excellente et lamentable tragédie de Roméo et Juliette, pièce qui transpose la légende shakespearienne en un huis-clos aussi sensuel que mélancolique. Avec Tout ce qui va revient (2018), elle fait cohabiter sur une même scène trois solos tirés de son répertoire, créés en 2014 et 2015. Ce clôt ainsi un cycle. En autonome 2018 elle présente à Montréal son dernier opus, L’affadissement du merveilleux. En 2021, elle signe le solo Se dissoudre, qui aborde la perception du temps comme phénomène illusoire et présente, au FTA 2022, Les jolies choses, sa plus récente création pour cinqdanseurs.
Parallèlement à ses activités de création, elle fut membre fondatrice de la compagnie Lorganisme de 2010 à 2019 ; co-idéatrice du Centre de création O’ Vertigo aux côtés de Ginette Laurin, Mélanie Demers et Caroline Laurin-Beaucage ; professeure invitée au Département de danse de l’UQAM en 2018-2019 ainsi que chargée de cours dans la même institution, de 2019 à 2021. Catherine est aujourd’hui directrice artistique et générale de la Compagnie Catherine Gaudet, membre de Circuit-Est centre chorégraphique, créatrice associée chez DLD – Daniel Léveillé Danse et artiste associée à l’Agora de la danse.
Une création de
Catherine Gaudet
Interprètes à la création
Dany Desjardins, Caroline Gravel, James Phillips, Lauren Semeschuk, Stacey Désilier
Musique
Antoine Berthiaume
Aide à la dramaturgie et direction des répétitions
Sophie Michaud
Éclairages
Hugo Dalphond
Costumes
Marilène Bastien
Production
Compagnie Catherine Gaudet
Coproduction
Centre Chorégraphique National de Caen, DLD –Daniel Léveillé Danse + Réseau CanDanse : Festival TransAmériques, Agora de la danse, Centre national des Arts, centre Harbourfront
Résidence de création
DLD-Daniel Léveillé Danse + Agora de la danse
Dévelopment
DLD-Daniel Léveillé Danse
Productrice générale
Caroline Ohrt
Productrice principale
Tina Legari
Directeur technique
Brian Britton
Coordonnatrice des projets spéciaux et adjointe de la productrice générale
Mireille Nicholas
Chargée de compagnies
Sophie Anka
Associée en éducation et artiste-enseignante
Siôned Watkins
Stratège, marketing
Marie-Chantale Labbé-Jacques
Stratège, communication
Alexandra Campeau
Chef machinist
Charles Martin
Chef électricien
Éric Tessier
Électricien adjoint
Martin Racette
Chef accessoiriste
Michel Sanscartier
Ingénieuren chef du son
Doug Millar
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre