Q. Après avoir signé des pièces jouant avec les chiffres de 1 à 9 et traitant de multiples facettes identitaires, vous revenez à zéro. Qu’est-ce que cela signifie?
R. En farsi et en arabe, zéro c’est « sefr » : le vide. L’idée du « vide » identitaire était à la base de mes trois première créations (Un, Deux et Trois). Je souhaitais donc revenir à l’idée du vide identitaire avec Zéro, retrouver le cercle, le tout, ce qui nous lie et nous rattache les uns aux autres. Recommencer, revenir à ce vide et voir comment et si les choses ont changé depuis ma première création.
Q. Vous êtes né en Iran à l’aube de la révolution islamique. Vous vivez au Canada depuis l’enfance. La quête identitaire est l’un de vos sujets de prédilection. Pourquoi?
R. À force d’être loin de mon pays de naissance et d’être toujours considéré comme « l’autre », j’ai dû me questionner, et surtout nommer et expliquer d’où je venais. Moi qui n’avais jamais vraiment vécu en Iran, j’ai dû, et doit encore, sans arrêt, expliquer que je « viens » de là. Comme ci je n’arriverais jamais à finalement être simplement d’ici mais toujours issu d’ailleurs. Le théâtre m’a permis d’y réfléchir et de mettre des mots là-dessus. Le théâtre m’a permis d’y réfléchir et de mettre des mots là-dessus.
Q. Est-ce que vous avez trouvé des réponses à vos questions?
R. Il n’y a pas de réponses définitives. L’identité est une chose qui est en mouvance perpétuelle, donc jamais figée. Nous ne sommes jamais : nous ne faisons que devenir. En fait, la certitude m’énerve un peu. Surtout lorsqu’il s’agit d’identité. J’aime ça, faire du théâtre pour poser des questions, pour réfléchir, pour laisser les spectateurs partir avec les questions et ne pas sermonner.
Q. Vous laissez place au doute?
R. Oui. Le doute est important. J’essaie de le transmettre sur scène dans mes créations, de le garder présent dans le texte. C’est le doute qui nous permet d’avancer, qui nous permet d’être à l’écoute, d’aller à la rencontre et de s’ouvrir l’autre.
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Zéro est présenté du 27 au 30 novembre au Studio Azrieli.