L’ombre

A collective work directed by Marie Brassard

2023-09-28 19:30 2023-09-30 21:00 60 Canada/Eastern 🎟 NAC: L’ombre

https://nac-cna.ca/en/event/34100

In-person event

The art of acting is layered with mystery. Actors make a profession of embodying others. The first thing they do is leave themselves behind in the dressing room in order to channel themselves, body and voice, into the spirit of fictitious beings.  Marie Brassard’s approach is rooted in her unshakeable faith in the creative power of the actor. For L’ombre, at the invitation of Mani Soleymanlou, she has brought together nine luminous performers, all recent theatre school...

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Babs Asper Theatre,1 Elgin Street,Ottawa,Canada
September 28 - 30, 2023
September 28 - 30, 2023

≈ 1 hour and 20 minutes · No intermission

Last updated: September 13, 2023

This program is only in French ›

Mot du directeur artistique du Théâtre français

Il me semble qu’il faut prendre soin de la suite.
Prendre d’abord le temps de regarder ce qu’on a, qui on est, et ensuite se donner les outils pour assurer l’avenir.
C’est dans cette optique que le Collectif du Théâtre français est né.
Ce projet s’est pointé le nez un matin en 2020, ou 2021, je ne sais plus.
Cette envie s’est manifestée alors qu’une discussion avec des finissant·e·s en théâtre m’a troublé. « Pas d’horizon » qu’iels m’ont fait comprendre.
Cette « impossibilité de rêver », « de se projeter », m’a ému.
Alors allons-y, offrons un horizon, un point de chute.
Risquons et offrons à cette génération une bouffée d’air, une possibilité, un premier rendez-vous en espérant que leur chemin soit bondé de possibilités.
Un énorme merci à Marie Brassard d’être là à leurs côtés.
Un énorme merci au Théâtre du Rideau Vert d’avoir accepté de plonger avec nous.

Le spectacle L’ombre a été créé le 23 août 2023 au Théâtre du Rideau Vert, à Montréal.

Mot de la metteuse en scène Marie Brassard

Il y a quelques mois au musée Guggenheim à New York, je visitais l’exposition d’une artiste que j’admire depuis toujours, Georgia O’Keefe, qui a consacré sa vie entière à approfondir sa vision des formes voluptueuses de la nature. L’exposition avait pour titre To See Takes Time, qu’on pourrait traduire comme suit : Il faut du temps pour voir.

Cette invitation à prendre le temps, je la fais régulièrement à mes collaborateurs lorsqu’on travaille sur un projet, et je me la refais à moi-même à chaque fois que je traverse les moments de doute et de peur, familiers à ceux et celles qui font de la création leur métier.

Dans le contexte actuel des institutions où on diffuse le théâtre et de leurs obligations de rentabilité, les artistes sont souvent privés de ce temps, qui est essentiel. Et il est rare lorsqu’on est jeune de se voir donner l’opportunité de créer une œuvre en totalité, dans des conditions idéales qui nous accordent ce luxe du temps qu’il faut pour imaginer, luxe qui ne devrait pas en être un.

Avec ces jeunes tout juste sorti·e·s des écoles, en compagnie d’artistes et de technicien·ne·s que j’admire, nous avons pu nous réunir au cours de l’année à quelques reprises, à réfléchir au spectacle que vous verrez ce soir. Nous avons manqué de temps, comme toujours, mais nous avons pleinement profité de celui qui nous était accordé, pour nous réunir, réfléchir et créer ce spectacle curieux, objet de notre fierté.

Cette expérience de création, j’ai voulu qu’elle soit d’abord celle des jeunes actrices et acteurs, qui agissent comme des conduits nous reliant au monde invisible. Cette qualité de médium et ce talent d’invention des artistes de la scène, je veux les mettre en avant plan.

Ensemble, nous avons imaginé un territoire de l’ombre. Ce territoire est animé par des spectres volants, beaucoup de vent, du mysticisme, de la méchanceté et de la mélancolie, des rêves, des désirs, de la solitude et du vertige... Tout cela se mélange, remué par le souffle puissant des idées de toutes et de tous, jetées là, libres et entières, sans filtre.

Voici des histoires inventées, à l’image de légendes modernes faisant écho à notre monde et à la manière avec laquelle ces jeunes artistes l’observent et le redessinent.

Ce spectacle est un hommage à l’imagination et à la pensée libre si précieuse et essentielle à notre survie. Il est maintenant à vous. Nous souhaitons qu’il fasse s’envoler vos pensées et qu’à votre tour il vous inspire des mondes et des territoires à explorer et à redéfinir.

***

Le Collectif 2023 est formé d’Élodie Bégin, Samuel Boulianne, Marion Daigle, Ahlam Gholami, Stella Lemaine, Cassandre Loiselle, Charles-Olivier Maltais, David Noël et Kevin Pereira.

Cliquez ici pour en connaître davantage sur Marie Brassard et le projet du Collectif du Théâtre français.  

Balado « Plus que du théâtre »

Julien Morissette s’est entretenu avec Marie Brassard et les neuf interprètes du Collectif 2023. Nous vous invitons à écouter ce balado qui retrace la genèse du projet et les différentes étapes de création nécessaire à la naissance du spectacle L’ombre.  

Le balado est disponible en cliquant ici.

Quelques bouts du monde

(Neuf conjectures sur l’ombre)

par Daniel Canty, dramaturge

Tout peut arriver

Le théâtre est un espace où tout peut arriver.

Les histoires de L’ombre sont issues des bouches et des corps de leurs neuf interprètes. Remontées d’une part obscure que nous couvons tous, et qu’il serait trop facile de confondre avec l’inconscient collectif. Elles n’existaient pas depuis toujours. Elles ne sont pas tributaires de quelque fond atavique, collectif, dont elles donneraient la preuve. Les réflexes de l’allégorie ne tiennent pas, ou si peu, devant ce que L’ombre propose.

Il ne faudrait pas non plus entendre dans « l’ombre » un écho du Mal. Il est vrai que le titre de la pièce irait à merveille à un méchant de comic book, ou à un vampire sans reflet. Qu’il suscite des réflexes, des frissons faciles. Mais les histoires de L’ombre, toutes trempées de sang et hantées par la mort qu’elles puissent être, ne concluent rien sur la perversité de nos natures profondes. Elles s’en tiennent plutôt à la démonstration de divers mystères.

Les histoires de L’ombre sont issues de la conjonction particulière de neuf consciences, et du regard et des gestes attentifs d’une metteure en scène et de son entourage de concepteurs, à un carrefour singulier de l’espace et du temps. Le présent les traverse. Il est bien plus vaste et fuyant que ce qu’on peut en dire.

Ce qui compte, en définitive, c’est que ces histoires soient arrivées , dans l’air et la lumière du théâtre. Donnant de nouveau la preuve, s’il en était besoin, que tout ce qui s’invente arrive bel et bien quelque part (1).

Une autre fois

L’ombre est un double imparfait de son objet.

Les personnages de la pièce ont beau être sortis de la bouche de leurs interprètes, ces derniers n’en sont pas l’unique origine.

Lorsqu’ils s’avancent sur le plateau, les interprètes font déjà un pas à côté d’eux-mêmes. Le monde se dédouble avec eux. Puis les personnages qu’ils portent, à l’intérieur de chaque scène, s’éloignent encore un peu, engendrant à leur tour une ombre. Puis l’ombre d’une ombre... Les échos se perdent. Les identités s’effeuillent. La perspective se dilate et se floute.

Le monde de L’ombre est un monde constamment dédoublé, où le fil du temps s’embrouille, et où on ne peut plus dire ll était une fois, seulement Une autre fois.

Ici, tout ce qui arrive une fois, arrive encore, autrement.

Caverne

En 1640, des promeneurs avec des lanternes visitaient ce qu’ils appelaient les bouts du monde ; nous les appelons des cavernes.
— Pascal Quignard, Les heures heureuses  

La dramaturgie, à l’instar de la philosophie, est un art spéculatif.

Impossible, en considérant L’ombre, de ne pas penser à la Caverne de Platon, à son petit théâtre notionnel.

Je revois les troglodytes, enchaînés à la paroi de pierre. Leurs regards captifs, tournés vers la parade des ombres fugitives, qu’ils prennent, nous assure le philosophe, pour la seule réalité possible. Comment en parviennent-ils à oublier la sensation de leurs corps? Ils doivent avoir des torticolis de l’enfer. Se pourrait-il même que certains d’entre eux prennent plaisir à ce bondage? Quel monstre — outre le philosophe — a bien pu imaginer ce supplice? Et il faudrait aussi avoir une pensée pour les machinistes forcés d’animer le spectacle, suant d’efforts pour tromper leur auditoire captif…

La fable se tait sur ces points, comme sur tant d’autres. Si on fait fi de l’allégorie, et qu’on la considère dans les termes de dramaturgie, on se rend compte que l’histoire de Platon est trouée de partout, pleine de bouts perdus. Tant que brille le soleil véritable, et que demeure cachée la source de l’illusion, l’individualité n’y comptera pas plus que chez les spectres.

La Caverne est un lieu dont la localisation exacte est perdue, et que ses occupants, sitôt introduits, envisagent, de gré ou de force, de quitter. C’est la réalité de ce théâtre lui-même que nous sommes appelés à revoir.

Une autre fois… La Caverne est dépeuplée. Les chaînes pendent sur les murs. Le brasier est tombé sur son flanc. Les machinistes ont abandonné leur poste. Les troglodytes, aveuglés par une lumière trop vive, ont pris la fuite. Les ombres se sont dispersés à tout vent.

Quand les écailles tomberont de leurs yeux, les anciens captifs de la Caverne se rappelleront peut-être, avec un pincement au cœur, des fabrications, des plaisirs et des cruautés de la fiction, qui, d’une main, leur donna un bout du monde pour de l’autre leur enlever.

Camera

Le décor, avec ses allures de soufflet de caméra, est un dispositif de capture, un révélateur d’intensités. Son conduit laisse entrevoir d’autres scènes, existant à l’angle de celle-ci. Une succession de reflets dans des miroirs qui se sont face. Une petite porte, un long corridor étroit, où les échos s’enfuient devant nous.

Des fentes latérales dans les parois laissent filtrer des lueurs de vitraux, s’animent de battements de kinétoscope. Le lointain, rétinal, se dématérialise devant nos yeux. Une forêt pousse sur scène, un étang noir, une flaque de sang s’étalent. Le théâtre est un espace intérieur extérieur, une maison sans dedans ni dehors, où passent des spectres.

Des paroles, des images évanescentes, qu’une lumière trop vive menace d’effacer, se rejoignent, se font et se défont devant nos yeux. Elles se conjuguent, s’accordent et se désaccordent. C’était le cas avant que la pièce n’advienne. Ce l’est toujours alors qu’elle se déploie devant nous.

Seule la force du jeu donnerait la clef de la présence théâtrale, permettrait d’en assurer la cohérence, de dominer sa peur, et de laisser les choses arriver là.

Force faible

La dramaturgie, comme la philosophie, est un art spéculatif.

L’écriture est accueillie dans L’ombre comme une force faible, mais néanmoins structurante. Comment, alors qu’on est écrivain, négocier l’injonction de ne pas écrire, ou si peu (2)? Comment savoir, sans pouvoir franchement mettre la main au papier, jouer de l’écriture? C’est la question à laquelle je revenais, à chaque moment, comme à une nécessité morale.

La dramaturgie se devait de servir le jeu dont la metteure en scène énonçait les règles. Pour moi, cela voulait dire : tendre vers un lieu, des situations, où il n’y aurait plus de raison d’opposer un « théâtre des images » à un « théâtre à texte ». Un lieu, donc, où les images portées par les mots, le roulement des phrases, se glisseraient dans les mouvements de la lumière, le sillage du son, innervant, sans les gêner, les gestes des interprètes. Que la pièce y arrive ou non, c’est ce qu’il fallait tenter.

Dans une telle vision des choses, le texte ne précède pas au théâtre. La pièce ne s’ensuit pas du texte. La dramaturgie n’illustre rien. Elle passe, constatant la vie qui s’affirme dans la parade des formes fugitives. Chaque phrase est une silhouette tremblante, qui n’a de cesse de chercher sa fin.

Les noms

Au tout début du processus de création, chacun des interprètes a été appelé à formuler un fantasme de jeu. À leur écoute, Marie a décidé de nommer un personnage propre à focaliser ces visions. Les sobriquets apparus alors — Le Vent, Sisyphe, Damas, La Reine, Le Spectre, The Drunk, L’alchimiste, Le Méchant, La Créature— ont suivi les interprètes tout au long de l’élaboration de la pièce.

Les noms propres sont porteurs d’une magie générative. Leurs ombres portées permettent de mesurer la distance parcourue entre l’élan initial et la mise en scène finale.

Le titre même de la pièce n’était d’abord qu’une intuition, un écho à la recherche d’une forme. À la fois assez vague et assez évocateur pour contenir sans le neutraliser le pullulement du possible.

Écholocation

Nous avons souvent pensé aux chauves-souris, à leurs nuées sonores, en construisant la pièce.

Les voilà qui s’éveillent du sommeil de la Caverne. Leurs cris sondent les creux, rebondissent sur toutes les aspérités de l’architecture. Ils détaillent, par un jeu de reflets sonores, l’image mentale de l’espace qu’ils traversent. Ils naviguent l’ombre ressentie des choses.

L’écriture, tout autant qu’une forme d’expression, est une forme d’écoute. Il devait être possible de construire une pièce intitulée L’ombre par écholocation.

Milieu

C’est comme si c’était ma mère.
— L’ombre

Face aux évidences de la vie, les illusions de la clarté narrative ne tiennent pas.

On ne saurait parler, pour L’ombre, d’une histoire impeccablement ordonnée, avec un début, un milieu et une fin, chacune à sa place.

Soit, l’histoire commence au bord d’une falaise, où une personne pose un pied dans le vide et s’envole. Et elle finit sous une colonne de fumée, en sonnant une note d’espoir après l’hécatombe. Entretemps, elle n’a de cesse de nous rappeler qu’elle tient tout entière dans les airs.

Il n’y a rien de plus fuyant que l’origine et la fin des histoires. Nos débuts dans la vie s’égarent dans un rêve utérin, bercé par les battements de cœur de nos mères. Au moment de la mort, nous fermons les yeux sur nos propres vies, accueillant l’évidence de n’être plus là, et de devoir redevenir personne. Il ne nous sera pas donné, autant que je le sache, d’éprouver la fin du monde, ou celle de nos propres vies. Nos existences touchent à des extrémités qu’il nous est exclu de connaître. Tu étais personne et tu le seras est un des serments imposés à tout vivant.

La personne, cependant, n’est pas le personnage. Ce dernier nous permet de tomber en imagination comme on viendrait au monde. D’effectuer un délicat saut dans le vide, avec l’assurance de retrouver ce flottement, cet état de lévitation, qui, dans la cavité des origines, semblait devoir nous sauver à jamais de la chute.

Hydre

L’hydre-univers tordant son corps écaillé d’astres
— Victor Hugo

Il y eut un moment, vers la fin des ateliers de création, où l’Ombre a failli donner naissance à un personnage. Une créature collective, pulsant de sombre, qui traverserait la pièce, s’exprimant par la bouche des acteurs, sans jamais se résoudre à tout à fait apparaître. Une sorte d’ectoplasme dont émergeraient tour à tour les personnages englués en lui. Quand l’une des actrices s’est mise à voler, il n’est plus resté, de cette entité conjecturale, que le chœur.

L’Ombre n’est pas disparue pour autant. Elle revient à chaque fois que s’estompe les lumières du théâtre. C’est enfin là que le monstre — Difficile de déterminer le sexe ou le genre de cette créature —, véritablement, se montre. (« Montrer » s’écrivait autrefois « Monstrer ».)

Une hydre remue, du fond caverneux de la salle. Le monstre a autant de têtes qu’il y a de sièges occupés, d’yeux et d’oreilles attentives, au théâtre. Une lumière noire émane de son pelage. Son corps écaillé d’yeux scintille comme le firmament, ou une nuée de mouches à feu. Elle n’a pas de raison d’être. Mais elle est.

Il n’y a pas de raison d’en avoir peur. L’hydre nous ramène au mystère de nous retrouver ici, ensemble, dans cette chose vague, qui pourtant est, que nous nommons théâtre, et que nous pourrions aussi nommer Univers.

Nuée

C’est l’air qui porte la parole, la lumière qui engendre les images et les êtres.

La fiction est une forme de l’air. Une modulation du souffle. Une scansion, un battement du langage, qui, à l’instar de celui du cœur, donne lieu à des mondes.

Une personne est une nuée d’histoires, un nuage de sensations et de pensées qui, par quelque miracle de la matière, tient ensemble à travers temps.

Nous sommes des artifices inexplicables, qui apparaissent, disparaissent dans la lumière des jours.

Nos ombres nous emboîtent le pas, venues d’un lieu à l’arrière de nos têtes, une caverne de la conscience où résonne l’écho de la réalité, et d’autres êtres possibles sont révélés.

Nos ombres sont sorties du néant pour nous suivre, nous assurer que nous continuerons d’exister, inexister, ensemble, dans un théâtre qui s’ignore.

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(1) Il est certain qu’un inconscient circonstanciel opère. Marie, en me lisant, m’a rappelé qu’elle avait écrit, alors que nous travaillions à la réalisation d’une version disparue de son site Web, un texte intitulé « Tout peut arriver ». Et que cette formule pourrait très bien lui servir de devise.

(2) La littérature est, à chacune de mes collaborations avec Marie, une force agissant à distance sur le matériau théâtral. J’ai d’ailleurs senti la nécessité, au retour d’une semaine d’ateliers au Centre national des Arts, d’écrire une Brève mythologie de l’ombre, reprenant les motifs des improvisations pour en faire des textes de fiction.

DANIEL CANTY est écrivain, réalisateur, traducteur et dramaturge. Il élabore, depuis la fin du 20e siècle, une œuvre protéiforme, qui circule librement entre la littérature et l’édition, le cinéma et le théâtre, les arts visuels et le design. Avant L’ombre, il a collaboré à titre de dramaturge à quatre créations de Marie Brassard : La fureur de ce que je pense, L’invisible, The Glass Eye et Peepshow

Artists

  • marie-brassard-minelly-kamemura
    Direction Marie Brassard
  • elodie
    Cast Élodie Bégin
  • samuel
    Cast Samuel Boulianne
  • marion
    Cast Marion Daigle
  • ahlam
    Cast Ahlam Gholami
  • Cast Stella Lemaine
  • cassandre
    Cast Cassandre Loiselle
  • charles-olivier
    Cast Charles-Olivier Maltais
  • david
    Cast David Noël
  • kevin
    Cast Kevin Pereira

International Alliance of Theatrical Stage Employees