≈ 1 heure et 20 minutes · Sans entracte
Dernière mise à jour: 13 septembre 2023
Il me semble qu’il faut prendre soin de la suite.
Prendre d’abord le temps de regarder ce qu’on a, qui on est, et ensuite se donner les outils pour assurer l’avenir.
C’est dans cette optique que le Collectif du Théâtre français est né.
Ce projet s’est pointé le nez un matin en 2020, ou 2021, je ne sais plus.
Cette envie s’est manifestée alors qu’une discussion avec des finissant·e·s en théâtre m’a troublé. « Pas d’horizon » qu’iels m’ont fait comprendre.
Cette « impossibilité de rêver », « de se projeter », m’a ému.
Alors allons-y, offrons un horizon, un point de chute.
Risquons et offrons à cette génération une bouffée d’air, une possibilité, un premier rendez-vous en espérant que leur chemin soit bondé de possibilités.
Un énorme merci à Marie Brassard d’être là à leurs côtés.
Un énorme merci au Théâtre du Rideau Vert d’avoir accepté de plonger avec nous.
Le spectacle L’ombre a été créé le 23 août 2023 au Théâtre du Rideau Vert, à Montréal.
Il y a quelques mois au musée Guggenheim à New York, je visitais l’exposition d’une artiste que j’admire depuis toujours, Georgia O’Keefe, qui a consacré sa vie entière à approfondir sa vision des formes voluptueuses de la nature. L’exposition avait pour titre To See Takes Time, qu’on pourrait traduire comme suit : Il faut du temps pour voir.
Cette invitation à prendre le temps, je la fais régulièrement à mes collaborateurs lorsqu’on travaille sur un projet, et je me la refais à moi-même à chaque fois que je traverse les moments de doute et de peur, familiers à ceux et celles qui font de la création leur métier.
Dans le contexte actuel des institutions où on diffuse le théâtre et de leurs obligations de rentabilité, les artistes sont souvent privés de ce temps, qui est essentiel. Et il est rare lorsqu’on est jeune de se voir donner l’opportunité de créer une œuvre en totalité, dans des conditions idéales qui nous accordent ce luxe du temps qu’il faut pour imaginer, luxe qui ne devrait pas en être un.
Avec ces jeunes tout juste sorti·e·s des écoles, en compagnie d’artistes et de technicien·ne·s que j’admire, nous avons pu nous réunir au cours de l’année à quelques reprises, à réfléchir au spectacle que vous verrez ce soir. Nous avons manqué de temps, comme toujours, mais nous avons pleinement profité de celui qui nous était accordé, pour nous réunir, réfléchir et créer ce spectacle curieux, objet de notre fierté.
Cette expérience de création, j’ai voulu qu’elle soit d’abord celle des jeunes actrices et acteurs, qui agissent comme des conduits nous reliant au monde invisible. Cette qualité de médium et ce talent d’invention des artistes de la scène, je veux les mettre en avant plan.
Ensemble, nous avons imaginé un territoire de l’ombre. Ce territoire est animé par des spectres volants, beaucoup de vent, du mysticisme, de la méchanceté et de la mélancolie, des rêves, des désirs, de la solitude et du vertige... Tout cela se mélange, remué par le souffle puissant des idées de toutes et de tous, jetées là, libres et entières, sans filtre.
Voici des histoires inventées, à l’image de légendes modernes faisant écho à notre monde et à la manière avec laquelle ces jeunes artistes l’observent et le redessinent.
Ce spectacle est un hommage à l’imagination et à la pensée libre si précieuse et essentielle à notre survie. Il est maintenant à vous. Nous souhaitons qu’il fasse s’envoler vos pensées et qu’à votre tour il vous inspire des mondes et des territoires à explorer et à redéfinir.
***
Le Collectif 2023 est formé d’Élodie Bégin, Samuel Boulianne, Marion Daigle, Ahlam Gholami, Stella Lemaine, Cassandre Loiselle, Charles-Olivier Maltais, David Noël et Kevin Pereira.
Cliquez ici pour en connaître davantage sur Marie Brassard et le projet du Collectif du Théâtre français.
Julien Morissette s’est entretenu avec Marie Brassard et les neuf interprètes du Collectif 2023. Nous vous invitons à écouter ce balado qui retrace la genèse du projet et les différentes étapes de création nécessaire à la naissance du spectacle L’ombre.
Le balado est disponible en cliquant ici.
par Daniel Canty, dramaturge
Le théâtre est un espace où tout peut arriver.
Les histoires de L’ombre sont issues des bouches et des corps de leurs neuf interprètes. Remontées d’une part obscure que nous couvons tous, et qu’il serait trop facile de confondre avec l’inconscient collectif. Elles n’existaient pas depuis toujours. Elles ne sont pas tributaires de quelque fond atavique, collectif, dont elles donneraient la preuve. Les réflexes de l’allégorie ne tiennent pas, ou si peu, devant ce que L’ombre propose.
Il ne faudrait pas non plus entendre dans « l’ombre » un écho du Mal. Il est vrai que le titre de la pièce irait à merveille à un méchant de comic book, ou à un vampire sans reflet. Qu’il suscite des réflexes, des frissons faciles. Mais les histoires de L’ombre, toutes trempées de sang et hantées par la mort qu’elles puissent être, ne concluent rien sur la perversité de nos natures profondes. Elles s’en tiennent plutôt à la démonstration de divers mystères.
Les histoires de L’ombre sont issues de la conjonction particulière de neuf consciences, et du regard et des gestes attentifs d’une metteure en scène et de son entourage de concepteurs, à un carrefour singulier de l’espace et du temps. Le présent les traverse. Il est bien plus vaste et fuyant que ce qu’on peut en dire.
Ce qui compte, en définitive, c’est que ces histoires soient arrivées là, dans l’air et la lumière du théâtre. Donnant de nouveau la preuve, s’il en était besoin, que tout ce qui s’invente arrive bel et bien quelque part (1).
L’ombre est un double imparfait de son objet.
Les personnages de la pièce ont beau être sortis de la bouche de leurs interprètes, ces derniers n’en sont pas l’unique origine.
Lorsqu’ils s’avancent sur le plateau, les interprètes font déjà un pas à côté d’eux-mêmes. Le monde se dédouble avec eux. Puis les personnages qu’ils portent, à l’intérieur de chaque scène, s’éloignent encore un peu, engendrant à leur tour une ombre. Puis l’ombre d’une ombre... Les échos se perdent. Les identités s’effeuillent. La perspective se dilate et se floute.
Le monde de L’ombre est un monde constamment dédoublé, où le fil du temps s’embrouille, et où on ne peut plus dire ll était une fois, seulement Une autre fois.
Ici, tout ce qui arrive une fois, arrive encore, autrement.
En 1640, des promeneurs avec des lanternes visitaient ce qu’ils appelaient les bouts du monde ; nous les appelons des cavernes.
— Pascal Quignard, Les heures heureuses
La dramaturgie, à l’instar de la philosophie, est un art spéculatif.
Impossible, en considérant L’ombre, de ne pas penser à la Caverne de Platon, à son petit théâtre notionnel.
Je revois les troglodytes, enchaînés à la paroi de pierre. Leurs regards captifs, tournés vers la parade des ombres fugitives, qu’ils prennent, nous assure le philosophe, pour la seule réalité possible. Comment en parviennent-ils à oublier la sensation de leurs corps? Ils doivent avoir des torticolis de l’enfer. Se pourrait-il même que certains d’entre eux prennent plaisir à ce bondage? Quel monstre — outre le philosophe — a bien pu imaginer ce supplice? Et il faudrait aussi avoir une pensée pour les machinistes forcés d’animer le spectacle, suant d’efforts pour tromper leur auditoire captif…
La fable se tait sur ces points, comme sur tant d’autres. Si on fait fi de l’allégorie, et qu’on la considère dans les termes de dramaturgie, on se rend compte que l’histoire de Platon est trouée de partout, pleine de bouts perdus. Tant que brille le soleil véritable, et que demeure cachée la source de l’illusion, l’individualité n’y comptera pas plus que chez les spectres.
La Caverne est un lieu dont la localisation exacte est perdue, et que ses occupants, sitôt introduits, envisagent, de gré ou de force, de quitter. C’est la réalité de ce théâtre lui-même que nous sommes appelés à revoir.
Une autre fois… La Caverne est dépeuplée. Les chaînes pendent sur les murs. Le brasier est tombé sur son flanc. Les machinistes ont abandonné leur poste. Les troglodytes, aveuglés par une lumière trop vive, ont pris la fuite. Les ombres se sont dispersés à tout vent.
Quand les écailles tomberont de leurs yeux, les anciens captifs de la Caverne se rappelleront peut-être, avec un pincement au cœur, des fabrications, des plaisirs et des cruautés de la fiction, qui, d’une main, leur donna un bout du monde pour de l’autre leur enlever.
Le décor, avec ses allures de soufflet de caméra, est un dispositif de capture, un révélateur d’intensités. Son conduit laisse entrevoir d’autres scènes, existant à l’angle de celle-ci. Une succession de reflets dans des miroirs qui se sont face. Une petite porte, un long corridor étroit, où les échos s’enfuient devant nous.
Des fentes latérales dans les parois laissent filtrer des lueurs de vitraux, s’animent de battements de kinétoscope. Le lointain, rétinal, se dématérialise devant nos yeux. Une forêt pousse sur scène, un étang noir, une flaque de sang s’étalent. Le théâtre est un espace intérieur extérieur, une maison sans dedans ni dehors, où passent des spectres.
Des paroles, des images évanescentes, qu’une lumière trop vive menace d’effacer, se rejoignent, se font et se défont devant nos yeux. Elles se conjuguent, s’accordent et se désaccordent. C’était le cas avant que la pièce n’advienne. Ce l’est toujours alors qu’elle se déploie devant nous.
Seule la force du jeu donnerait la clef de la présence théâtrale, permettrait d’en assurer la cohérence, de dominer sa peur, et de laisser les choses arriver là.
La dramaturgie, comme la philosophie, est un art spéculatif.
L’écriture est accueillie dans L’ombre comme une force faible, mais néanmoins structurante. Comment, alors qu’on est écrivain, négocier l’injonction de ne pas écrire, ou si peu (2)? Comment savoir, sans pouvoir franchement mettre la main au papier, jouer de l’écriture? C’est la question à laquelle je revenais, à chaque moment, comme à une nécessité morale.
La dramaturgie se devait de servir le jeu dont la metteure en scène énonçait les règles. Pour moi, cela voulait dire : tendre vers un lieu, des situations, où il n’y aurait plus de raison d’opposer un « théâtre des images » à un « théâtre à texte ». Un lieu, donc, où les images portées par les mots, le roulement des phrases, se glisseraient dans les mouvements de la lumière, le sillage du son, innervant, sans les gêner, les gestes des interprètes. Que la pièce y arrive ou non, c’est ce qu’il fallait tenter.
Dans une telle vision des choses, le texte ne précède pas au théâtre. La pièce ne s’ensuit pas du texte. La dramaturgie n’illustre rien. Elle passe, constatant la vie qui s’affirme dans la parade des formes fugitives. Chaque phrase est une silhouette tremblante, qui n’a de cesse de chercher sa fin.
Au tout début du processus de création, chacun des interprètes a été appelé à formuler un fantasme de jeu. À leur écoute, Marie a décidé de nommer un personnage propre à focaliser ces visions. Les sobriquets apparus alors — Le Vent, Sisyphe, Damas, La Reine, Le Spectre, The Drunk, L’alchimiste, Le Méchant, La Créature… — ont suivi les interprètes tout au long de l’élaboration de la pièce.
Les noms propres sont porteurs d’une magie générative. Leurs ombres portées permettent de mesurer la distance parcourue entre l’élan initial et la mise en scène finale.
Le titre même de la pièce n’était d’abord qu’une intuition, un écho à la recherche d’une forme. À la fois assez vague et assez évocateur pour contenir sans le neutraliser le pullulement du possible.
Nous avons souvent pensé aux chauves-souris, à leurs nuées sonores, en construisant la pièce.
Les voilà qui s’éveillent du sommeil de la Caverne. Leurs cris sondent les creux, rebondissent sur toutes les aspérités de l’architecture. Ils détaillent, par un jeu de reflets sonores, l’image mentale de l’espace qu’ils traversent. Ils naviguent l’ombre ressentie des choses.
L’écriture, tout autant qu’une forme d’expression, est une forme d’écoute. Il devait être possible de construire une pièce intitulée L’ombre par écholocation.
C’est comme si c’était ma mère.
— L’ombre
Face aux évidences de la vie, les illusions de la clarté narrative ne tiennent pas.
On ne saurait parler, pour L’ombre, d’une histoire impeccablement ordonnée, avec un début, un milieu et une fin, chacune à sa place.
Soit, l’histoire commence au bord d’une falaise, où une personne pose un pied dans le vide et s’envole. Et elle finit sous une colonne de fumée, en sonnant une note d’espoir après l’hécatombe. Entretemps, elle n’a de cesse de nous rappeler qu’elle tient tout entière dans les airs.
Il n’y a rien de plus fuyant que l’origine et la fin des histoires. Nos débuts dans la vie s’égarent dans un rêve utérin, bercé par les battements de cœur de nos mères. Au moment de la mort, nous fermons les yeux sur nos propres vies, accueillant l’évidence de n’être plus là, et de devoir redevenir personne. Il ne nous sera pas donné, autant que je le sache, d’éprouver la fin du monde, ou celle de nos propres vies. Nos existences touchent à des extrémités qu’il nous est exclu de connaître. Tu étais personne et tu le seras est un des serments imposés à tout vivant.
La personne, cependant, n’est pas le personnage. Ce dernier nous permet de tomber en imagination comme on viendrait au monde. D’effectuer un délicat saut dans le vide, avec l’assurance de retrouver ce flottement, cet état de lévitation, qui, dans la cavité des origines, semblait devoir nous sauver à jamais de la chute.
L’hydre-univers tordant son corps écaillé d’astres
— Victor Hugo
Il y eut un moment, vers la fin des ateliers de création, où l’Ombre a failli donner naissance à un personnage. Une créature collective, pulsant de sombre, qui traverserait la pièce, s’exprimant par la bouche des acteurs, sans jamais se résoudre à tout à fait apparaître. Une sorte d’ectoplasme dont émergeraient tour à tour les personnages englués en lui. Quand l’une des actrices s’est mise à voler, il n’est plus resté, de cette entité conjecturale, que le chœur.
L’Ombre n’est pas disparue pour autant. Elle revient à chaque fois que s’estompe les lumières du théâtre. C’est enfin là que le monstre — Difficile de déterminer le sexe ou le genre de cette créature —, véritablement, se montre. (« Montrer » s’écrivait autrefois « Monstrer ».)
Une hydre remue, du fond caverneux de la salle. Le monstre a autant de têtes qu’il y a de sièges occupés, d’yeux et d’oreilles attentives, au théâtre. Une lumière noire émane de son pelage. Son corps écaillé d’yeux scintille comme le firmament, ou une nuée de mouches à feu. Elle n’a pas de raison d’être. Mais elle est.
Il n’y a pas de raison d’en avoir peur. L’hydre nous ramène au mystère de nous retrouver ici, ensemble, dans cette chose vague, qui pourtant est, que nous nommons théâtre, et que nous pourrions aussi nommer Univers.
C’est l’air qui porte la parole, la lumière qui engendre les images et les êtres.
La fiction est une forme de l’air. Une modulation du souffle. Une scansion, un battement du langage, qui, à l’instar de celui du cœur, donne lieu à des mondes.
Une personne est une nuée d’histoires, un nuage de sensations et de pensées qui, par quelque miracle de la matière, tient ensemble à travers temps.
Nous sommes des artifices inexplicables, qui apparaissent, disparaissent dans la lumière des jours.
Nos ombres nous emboîtent le pas, venues d’un lieu à l’arrière de nos têtes, une caverne de la conscience où résonne l’écho de la réalité, et d’autres êtres possibles sont révélés.
Nos ombres sont sorties du néant pour nous suivre, nous assurer que nous continuerons d’exister, inexister, ensemble, dans un théâtre qui s’ignore.
--------------------
(1) Il est certain qu’un inconscient circonstanciel opère. Marie, en me lisant, m’a rappelé qu’elle avait écrit, alors que nous travaillions à la réalisation d’une version disparue de son site Web, un texte intitulé « Tout peut arriver ». Et que cette formule pourrait très bien lui servir de devise.
(2) La littérature est, à chacune de mes collaborations avec Marie, une force agissant à distance sur le matériau théâtral. J’ai d’ailleurs senti la nécessité, au retour d’une semaine d’ateliers au Centre national des Arts, d’écrire une Brève mythologie de l’ombre, reprenant les motifs des improvisations pour en faire des textes de fiction.
DANIEL CANTY est écrivain, réalisateur, traducteur et dramaturge. Il élabore, depuis la fin du 20e siècle, une œuvre protéiforme, qui circule librement entre la littérature et l’édition, le cinéma et le théâtre, les arts visuels et le design. Avant L’ombre, il a collaboré à titre de dramaturge à quatre créations de Marie Brassard : La fureur de ce que je pense, L’invisible, The Glass Eye et Peepshow
Marie Brassard est autrice, metteure en scène et actrice. En 2001, après avoir travaillé en étroite collaboration avec Robert Lepage pendant plus de quinze ans au théâtre et au cinéma, elle créait son premier spectacle solo, Jimmy, créature de rêve, dans le cadre du Festival TransAmériques (FTA). L’immense succès remporté par cette œuvre l’incita à fonder sa propre compagnie de production, Infrarouge, dont elle assume la direction artistique, et à amorcer une carrière solo. Depuis, travaillant en collaboration avec des musiciens et artistes visuels, elle crée des spectacles aux atmosphères surréelles, où la vidéo, la lumière et le son occupent une place royale.
En écho à son travail scénique interdisciplinaire, Marie Brassard a érigé au fil des ans une dramaturgie éclatée, où se chevauchent différents niveaux de narration et temporalités. Les spectacles produits par sa compagnie Infrarouge sont souvent le fruit d’un brillant dialogue avec le compositeur Alexander MacSween, dont les ambiances et musiques électroniques sont parties prenantes de son langage scénique.
Parmi les récentes mises en scène de Marie Brassard, mentionnons Éclipse (2020), d’après des écrits de femmes poètes de la Beat generation, La vie utile, d’Evelyne de la Chenelière (2018), et La fureur de ce que je pense, d’après l’œuvre de Nelly Arcan (2013).
Les créations de Marie Brassard présentées au CNA :
Mars 2022 : Violence
Mai 2017 : La fureur de ce que je pense
Décembre 2010 : Moi qui me parle à moi-même dans le futur
Avril 2009 : L’invisible
Décembre 2006 : Peepshow
Novembre 2003 : La noirceur
Décembre 2002 : Jimmy, créature de rêve
Élodie Bégin a su dès un très jeune âge que son avenir se trouverait sur une scène. Elle a commencé sa carrière en faisant partie de troupes de théâtre semi-professionnelles, ce qui lui a permis d’acquérir une certaine expérience devant public avant de faire partie de la distribution d’Amsterdam, théâtre musical qui sera joué au Gesù, au Théâtre des Grands Chênes, au Théâtre du Nouveau Monde, et en tournée de 2017 à 2019. Vint ensuite l’expérience de La Voix où elle s’est rendue en quart de finale, mais sa passion pour le théâtre étant grande, elle a décidé de mettre toutes les chances de son côté en allant chercher une formation professionnelle. Élodie a donc été choisie au Conservatoire d’art dramatique de Montréal et en est sortie en 2021. Depuis, les projets se sont enchaînés : en plus de L’ombre du Collectif 2023, mentionnons son petit rôle récurrent dans la série Stat ainsi que celui, très beau, de la constable Morgane Harel dans la série À cœur battant ; au théâtre, elle est de la distribution de la pièce Le placard présentée à Rougemont et à Sainte-Agathe-des-Monts à l’été 2023.
Samuel Boulianne a terminé sa formation en interprétation à l’École de théâtre professionnel du Collège Lionel-Groulx en 2022. Il a par la suite pris part aux Indiscrétions publiques, un spectacle de théâtre citoyen chapeauté par le Théâtre du Ricochet avant d’être appelé par le CNA et Marie Brassard pour agir comme créateur dans L’ombre. En plus du métier d’interprète, il a exploré les rôles d’auteur dramatique et de metteur en scène. Il est aussi membre fondateur de la compagnie du Théâtre de Toutefois qui répond au besoin de se rassembler et de se comprendre. Passionné, sincère et énergique, Samuel est un créateur multidisciplinaire qui saute dans l’univers artistique à pieds joints pour y faire sa place, mais avant tout pour y être au service de la culture québécoise de demain.
Avant son baccalauréat en interprétation de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM, et dans le cadre de sa dernière année à McGill en études féministes et autochtones, Marion Daigle a commencé à se pencher sur les questions de l’empathie chez les publics et les interprètes, et des limites de la notion de l’incarnation au théâtre, ainsi que l’élaboration d’utopies/de l’utopique par le biais des arts vivants. Pour Marion, c’est particulièrement le potentiel utopique et transformateur de ce qui sort du quotidien, de ce qu’il y a de magique, d’étrange, d’extraordinaire, qui l’atteint : s’extirper du ici-présent pour mieux le critiquer, l’apprécier, l’habiter. Son amour de la comédie musicale s’inscrit dans ce mode de réalité altérée qui a su apporter de la magie, du courage et de la joie dans son quotidien. Participant d’abord dans les comédies musicales de son école secondaire en tant qu’interprète, Marion a ensuite suivi un an de cours de chant avant de compléter une formation de deux ans auprès du Canadian Musical Theatre Writers Collective. Ce genre théâtral a aussi été, pour Marion, une porte d’entrée dans l’univers de la marionnette. Comment résister aux personnages insolents et résolument eux-mêmes de Jim Henson dans The Muppet Movie et aux suivants ? À l’UQAM, Marion a saisi l’occasion de prendre un cours d’introduction à la marionnette, et à sa sortie de l’école a suivi des formations avec le Théâtre de la Dame de Cœur et avec l’Association québécoise des marionnettistes. Pour la suite des choses, Marion entend continuer de se développer en jeu, en voix et en mouvement, et de chercher à combiner son bagage, ses questionnements et ses intérêts au sein de sa pratique artistique.
Diplômée de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM en interprétation en 2022, Ahlam Gholami est une créatrice qui a fait ses débuts dans Sin La Habana (2020), un long-métrage de Kaveh Nabatian dans lequel elle incarnait Shireen, la petite sœur de Nassim, jeune femme irano-canadienne fuyant un passé oppressant. Ce film a remporté le Prix de la diffusion Québecor dans le cadre du Festival du nouveau cinéma. Pour célébrer la fin de son parcours universitaire, Ahlam a participé à École d’été de l’UQAM à Prague où elle a découvert la culture tchèque. Son amour pour les voyages l’a également amenée à visiter Berlin, Rome et la Crète. À son retour, elle a travaillé en tant qu’artiste associée au Teesri Duniya Theatre où elle a créé My Woman, un collage de poèmes écrits par des femmes iraniennes à travers le temps. Passionnée par le théâtre pour enfants, elle donne des ateliers à des petit·e·s de 5 à 12 ans où elle les initie à la création collective. Comme interprète, elle a incarné le rôle de Nahla dans Magpie, une pièce pour adolescent·e·s écrite par Laurie Léveillé et mise en scène par Claude Poissant, dans le cadre d’un événement-lecture à la Maison Théâtre.
Jeune artiste québécoise d’origine haïtienne, Stella Lemaine est une interprète versatile. Investie dans la pratique théâtrale depuis son enfance, elle s’intéresse aussi au chant, à l’écriture et, plus récemment, à la réalisation. Elle a signé, en 2019, son premier court métrage documentaire, Prendre sa lumière, qui a été présenté au Black Film Festival à Montréal (de même qu’à Toronto et à Halifax) dans le cadre du programme Être noir.e à Montréal. Nouvellement finissante de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM en interprétation (2022), elle est toujours très enthousiaste de partager sa passion et sa sensibilité avec le monde.
Cassandre Loiselle a récemment complété sa formation en interprétation à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM (2022). Née en 1998 dans le quartier Côte-des-Neiges de Montréal, elle baigne dans le domaine de la culture et des arts vivants depuis l’enfance. À sa sortie de l’école, elle a co-mis en scène le solo performatif Née dans le cadre de l’événement Vous Êtes Ici du Théâtre Aux Écuries, puis à l’édition d’hiver (2023) du festival de danse Passerelle 840. Ce fut l’occasion pour elle de développer un fort engouement pour la mise à profit des forces et des talents de chacun·e. Fascinée par l’expressivité du corps, Cassandre souhaite parfaire sa technique physique tout en collaborant à des projets artistiques hybrides où le mouvement serait vecteur d’incandescence. Oscillant entre les arts visuels, le street dance et le théâtre, ses centres d’intérêts contribuent à alimenter son émerveillement au quotidien. Cassandre est l’amalgame de ses rencontres, ce qui lui permet d’être multiple quand elle performe.
Charles-Olivier Maltais est un acteur curieux, vif et généreux qui aime jouer et transmettre cet amour. Son parcours unique l’a amené à se perfectionner et à compléter, en 2022, ses études à l’École de théâtre professionnel du Collège Lionel-Groulx. Sa capacité à entrer facilement en relation avec les autres lui a permis de s’allier à d’ancien·ne·s collègues de classe pour produire un spectacle immersif hors-norme autour de l’œuvre Des arbres de Duncan Macmillan. Parallèlement à sa formation, il a collaboré à différents courts métrages avec des finissant·e·s en cinéma de l’Université Concordia. Il a aussi participé au développement et à la création de la pièce Zone grise, texte sur le consentent sexuel chez les jeunes. Auteur à la plume authentique, Charles-Olivier cumule également de l’expérience en mise en scène, où son travail a pris vie sur les planches du Théâtre Lionel-Groulx. De plus, en décembre 2022 il a tourné dans plusieurs écoles défavorisées de Montréal afin de faire la promotion de la lecture grâce à la marionnette avec la compagnie de théâtre Vendredi 16.
David Noël est un comédien-chanteur-traducteur roux fasciné par l’effet que l’art peut avoir sur la vie de l’autre. À l’âge de 15 ans, David est mort 89 fois, plus précisément dans le rôle de Gavroche des Misérables, spectacle présenté au Capitole de Québec. Cette première expérience professionnelle l’a mené à un début de carrière autant sur les planches dans Peter Pan, Sweeney Todd et Private Lives, que devant la caméra dans 30 vies, Toi et moi, 19-2 et O’. En 2018, David a décidé de mettre en pause sa carrière déjà entamée pour perfectionner son jeu à l’École nationale de théâtre du Canada. Durant son parcours, il a été marqué par les ultra-inspirantes Sylvie Moreau, Diane Pavlovic, Marie-Christine Lê-Huu, Gabrielle Lessard, de même que par tous les cours de mouvement et les rencontres entre programmes et sections. Il a notamment été récipiendaire du prix Ada Slaight accordé à un·e finissant·e en reconnaissance de sa contribution au rapprochement et à la collaboration entre les francophones et les anglophones de l’institution. C’est une évidence : les relations humaines le font royalement tripper. Depuis sa sortie de l’ÉNT, on a pu voir le voir, entre autres, dans le film Le sang du pélican, réalisé par Denis Boivin, et sur la scène du Centre Segal dans les pièces Pool No Water et Dracula : A Comedy of Terror. Parfaitement bilingue, David souhaite travailler autant en français qu’en anglais dans des projets où la collaboration, la connexion et l’authenticité sont mises à l’avant-plan.
Kevin Pereira est un artiste d’origines québécoise et portugaise. À l’âge de sept ans, il a découvert les arts de la scène avec Les Petits Chanteurs de Granby. Pendant ses huit années de chant choral, il a participé à de nombreux concerts importants ainsi qu’à une tournée en République tchèque, en Autriche et en Allemagne. Après un DEC en exploration théâtrale, il a décidé d’investir les arts visuels afin d’explorer d’autres formes d’expression. Son désir de jouer reprenant rapidement le dessus, il s’est donc inscrit en interprétation à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM d’où il est maintenant diplômé. À la fin de sa formation, il s’est envolé pour la République tchèque afin de participer à l’École d’été de l’UQAM à Prague en création cinématographique. Depuis sa sortie de l’université, il souhaite renouer avec les trois arts qui ont forgé son identité, redécouvrir ses racines portugaises et continuer à alimenter sa pratique artistique à travers la création.
Direction de la création et mise en scène
Marie Brassard
Une création du
Collectif 2023
Avec
Élodie Bégin, Samuel Boulianne, Marion Daigle, Ahlam Gholami, Stella Lemaine, Cassandre Loiselle, Charles-Olivier Maltais, David Noël et Kevin Pereira
Dramaturgie
Daniel Canty
Assistance à la mise en scène
Louis-Philippe Lussier
Scénographie et accessoires
Antonin Sorel
Lumière
Paul Chambers
Musique et conception sonore
Alexander MacSween
Sonorisation
Annie Préfontaine et Christophe St-Denis
Costumes
Julie Méalin
Assistance à la conception des éclairages
Manon Pocq-Saint-Joan
Assistance aux accessoires
Andrew De Freitas
Construction du décor
Productions Yves Nicol
Direction de production et technique (création)
Romane Bocquet
Direction de production (Théâtre du Rideau Vert)
Guy Côté
Direction technique (Théâtre du Rideau Vert)
Alexandre Michaud
Production déléguée
Théâtre du Rideau Vert
Coproduction
Théâtre français du CNA et Théâtre du Rideau Vert, en collaboration avec la compagnie Infrarouge
Remerciements
Cédric Delorme-Bouchard, Chambre noire, Alex Hercule Desjardins
Alliance internationale des employés de scène et de théâtre